Le Chant de l'Âme Millénaire

Allongé sur ma couche, berçé par l’ayahuasca et les chants de l’icaro, j'accueille la conscience de la profondeur du travail accompli. Une puissance inouïe, dépassant toute autre technique de guérison que j'ai connue jusqu'ici, émane de cette union sacrée. L'alliance de la plante et du chant me ramène à l'origine de la vie, au ventre maternel, à la source.

"C’est une œuvre sacrée." le travail avec les médecines

J’entends la Madre me murmurer cette vérité, et mon cœur s’ouvre un peu plus, gratifié d'un flot divin d'amour et de douceur. La question surgit : pourquoi cette vibration d'amour ne m'habite-t-elle pas dans la vie ordinaire ? Pourquoi tout est-il si souvent dur, froid, et fermé ? Comment m'ouvrir davantage et incarner cet amour au quotidien ?

J'expire profondément, et me laisse submerger par cette sensation d'amour cosmique qui inonde mon être. Un merci sincère s'élève pour ce cadeau sublime. Je pose mon regard sur Estela et Roldan, ces êtres qui dédient leur vie à sauver les âmes. Au péril de leur santé, ils libèrent la magie noire, les pactes karmiques, les entités et les liens avec les mondes obscurs. Je les remercie du plus profond de mon être de m'avoir aidé à me libérer de cette ombre sous laquelle je disparaissais et suffoquais. Baigné dans une extase cosmique, mon cœur exulte de gratitude pour ce chemin que j’arpente : celui du service des médecines sacrées.

J'ai encore peine à croire à ce rêve que je vis ici, dans la jungle, aux côtés d'Estela. Les larmes coulent sur mes joues. Je me sens bien. Je touche l’essence de mon âme millénaire et ressens toute sa beauté, mais aussi toutes les souffrances qu’elle a endurées pour arriver jusqu'ici. Les "médicos" soignent et libèrent l'âme des processus d'incarnations successives. Sans mots ni souvenirs, les fragments karmiques brûlent, laissant transparaître la beauté de notre véritable nature : le feu du Christ intérieur.

Pourtant, ce n'est pas un chemin facile. Les diètes de plantes et les cérémonies d’ayahuasca ou de huachuma peuvent être implacables. Leurs leçons nous marquent dans la chair, nous poussant à transmuter nos ombres. Ce n'est pas toujours rose. On se sent vulnérable, hypersensible, au point de ne plus supporter une présence ou un son. La fatigue, les nausées, la chaleur écrasante… et les plantes qui nous poussent sans cesse dans nos retranchements pour extraire tout ce qui ne vibre plus avec la lumière.

Mais alors vient la récompense : un poids invisible qui disparaît, une rancœur qui fond, la souffrance qui se transforme en joie. J'ai compris que cette année, j'étais venu apprendre l’Amour, ouvrir mon cœur. La Madre m’a dit : « C'est la seule intention que tu dois prendre. » De toute façon, si j'en formule une autre, elle m’ignore et me guide là où elle sait que je dois aller. Elle me fait plonger dans l'extase de la source infinie d'amour, dans les bras de Dieu, à l'intérieur de moi.

Elle et Nihue Rao me murmurent que seul l'amour importe. Les pouvoirs, les dons psychiques, tout ceci n'est qu'illusion. L’amour est la source, la plus haute quête de l'âme, car c'est la seule réalité sur cette terre. J'accepte avec gratitude de ressentir ce qu'elle a à m'enseigner, moi qui me suis détesté et haï toute ma vie. Enfin, dans ses bras, je goûte à la douceur de ma propre source.

« Tu es la source d'amour », me susurre-t-elle. Comme une prière qui chante en moi, j’entends sa voix répéter ce mantra qui deviendra ma prière de chaque jour. Les digues cèdent, je pleure doucement, et je me laisse aller entre ses bras. Je touche enfin à cet amour cosmique, plus grand que tout. La renaissance est proche. Merci la vie, pour ce chemin.