La Colère ma meilleure Ennemie
- Isayä Shamanka
- 29 juil.
- 3 min de lecture
Dernière mise à jour : 6 sept.

Je veux vous ouvrir mon cœur, vous livrer ma vérité nue. Sur les réseaux sociaux, on nous vend un rêve illusoire : des vies parfaites, où les émotions sont toujours maîtrisées, où les corps sont sculptés comme des œuvres d’art, où les salaires flirtent avec les 10 000 euros, où les maisons sont sublimes, et où l’amour conjugal est une danse divine, respectueuse de notre âme de lumière. C’est ce mirage qui fait vendre des accompagnements, des formations promettant une métamorphose instantanée, en un claquement de doigts, deux respirations, trois mantras.
Mais derrière ce voile scintillant, les vérités les plus crues sont effacées. La colère, l’orgueil, les blessures profondes sont soigneusement cachés, pour ne pas ternir ce rayonnement hypnotique d’une mascarade savamment orchestrée.
Avant de goûter à cette paix apparente, j’ai traversé des abysses noirs, des gouffres de rage et de haine qui m’ont dévoré(e) de l’intérieur.
Pendant des années, j’ai porté ce fardeau brûlant, une colère sourde et vorace qui consumait chaque parcelle de mon être sans répit. Une rage héritée des rejets, des violences, des viols que j’ai subis. Pour tenter d’étouffer ce feu, je me suis réfugié(e) dans le cannabis, croyant naïvement apaiser mes tourments. Mais en réalité, je nourrissais le monstre. C’est le piège cruel des dépendances : un remède qui devient poison, un palliatif qui masque la douleur un temps, avant de la faire exploser avec une force décuplée.

Mes mots étaient des éclairs, ma voix un orage. Cette violence dans mes propos n’était que le reflet d’une guerre interne dévastatrice. Je n’ose même pas vous confier les pensées sombres qui me hantaient. J’étais une cocotte-minute prête à exploser à chaque instant.
La rage est une force destructrice, un poison lent. Il m’a fallu des années, quinze longues années, pour apprendre à la transcender, à l’aimer. Quinze années où la vie a posé sur mon chemin des épreuves qui, implacables, venaient presser le bouton « ON » de mes crises de colère. Je me noyais dans cette fureur, m’y identifiant totalement, comme si elle était devenue mon essence même. La honte me rongeait, la culpabilité me paralysait, et je me sentais sale, indigne.
Puis, doucement, imperceptiblement, la glace a commencé à fondre. J’ai pris de la distance. J’ai appris la compassion, la bienveillance envers cette colère qui, en réalité, était la gardienne fidèle d’une immense souffrance. Cette part de moi blessée, trahie, effrayée, criant silencieusement à l’aide.
Le tournant a été ma rencontre avec des médecines anciennes, des pratiques qui m’ont aidé(e) à purifier cette rage, à la laisser s’échapper, pour enfin laisser la lumière percer les ténèbres en moi. J’ai appris à embrasser cette part vulnérable, à l’aimer de tout mon être, à la reconnaître sans jugement. J’ai choisi, enfin, de lâcher le poids de mon passé.

Aujourd’hui, je sens mon cœur s’ouvrir un peu plus chaque jour. Une paix profonde s’installe, douce et puissante, une sérénité presque inébranlable. Bien sûr, les irritations de la vie viennent encore me troubler, mais je sais désormais communiquer autrement, sans explosion, sans violence.
Ce chemin a été long, tortueux, semé d’embûches, mais aujourd’hui, la lumière et la douceur inondent mon être tout entier. Je sais, au plus profond de moi, que la libération est possible. Que l’émotion n’est rien d’autre que la messagère d’une blessure qui réclame d’être vue, entendue, guérie. Et que, lorsque cette guérison s’opère, le souvenir de l’amour fleurit en nous, éclatant, vibrant, éternel.
Cette résilience, cette leçon d’amour, je vous la confie comme un cadeau précieux : peu importe la profondeur de la douleur, la lumière est toujours là, prête à nous accueillir quand nous décidons enfin de la laisser entrer.




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